A l’orée d’une forêt, vivait un couple de braves paysans très tristes.
Un enfant aurait ensoleillé leur vie, une jolie petite fille qu’ils aimeraient de tout leur coeur, mais ils ne pouvaient être parents.
Un beau matin de Noël, au pied du sapin illuminé de guirlandes multicolores et de ravissantes boules dorées, ils découvrirent émerveillés une poupée de chiffon ; une poupée si délicate si gracieuse si douce que la gentille dame ne put s’empêcher de la prendre dans ses bras, elle déposa un baiser sur ses joues molles et serra très fort la poupée contre elle.
Soudain ! une petite voix se fit entendre :
– Tu me serres trop fort maman !
Le couple se regarda abasourdi…
Sans le savoir, mais à cause de l’amour qu’elle portait en elle, la gentille dame avait donné vie à la poupée, et la poupée était devenue… une petite fille.
Popeline la petite fille de chiffon n’allait pas à l’école car ses parents avaient peur qu’on la déchire, elle ne devait pas s’approcher du feu, une étincelle pouvait la brûler…
Popeline grandit comme toutes les petites flles de son âge, elle était gaie, jolie, insouciante ; sa maman lui faisait de belles robes en dentelle et confectionnait des chapeaux tous plus beaux les uns que les autres.
L’amour des parents était sans fin, ils ne demandaient à Popeline qu’une chose : NE JAMAIS MENTIR.
Un jour, alors que Popeline avait bien travaillé avec sa maman, son père lui donna une belle pièce de monnaie pour la récompenser.
La petite fille tout heureuse partit se promener dans les bois, sa pièce dans la poche de son tablier.
Elle s’arrêtait en chemin pour parler aux écureuils ou chanter avec les oiseaux, surtout elle n’oubliait pas de ramasser de jolies fleurs pour sa maman.
L’heure passait et Popeline rentra chez elle…
Sur le pas de la porte, la fillette embrassa son père qui rempaillait une vieille chaise.
– As-tu fait une bonne promenade ma fille ? As-tu bien rangé ta pièce avant de partir ?
– Oui papa, je l’ai fait répondit Popeline.
Mais la petite fille de chiffon à cet instant mentait, elle n’avait pas rangé sa pièce et celle-ci ne se trouvait plus dans la poche de son tablier, elle avait dû la perdre dans les bois.
Popeline se précipita dans sa chambre, elle trembla, frissonna et dans un grand éternuement se figea, son corps devint de porcelaine et son teint de cire…
Les parents inquiets de ne pas entendre leur fille, allèrent la trouver dans sa chambre.
Là horrifiés, ils découvrirent Popeline immobile parmi les autres jouets de la chambre.
La petite fille ne parlait plus, ne pleurait même pas, elle était redevenue une poupée comme tant d’autres…
Fous de douleur le père et la mère partirent voir le médecin du village mais face à une poupée, il se moquerait d’eux.
Alors, au bord du désespoir ils décidèrent d’aller chez le guérisseur.
Sa maison se trouvait dans une ruelle étroite et sombre, mal éclairée par de vieux réverbères.
Les parents désespérés hésitèrent à sonner mais il y avait là leur fille figée dans leur bras.
Le père frappa à la porte, après quelques instants qui semblèrent interminables, une vieille femme voutée, la bouche édentée leur ouvrit la porte.
– Il faut que nous voyions le guérisseur, c’est pour notre fille…
La vieille dame les fit entrer dans une pièce mal éclairée.
Les fauteuils étaient élimés et les tentures des fenêtres poussièreuses, la lumière vacillante de la pièce semblait faire danser des ombres au plafond.
Soudain ! un homme sans âge, avec des vêtements râpés et rapiécés fit son apparition.
Son teint olivâtre faisait ressortir ses yeux globueux, les cheveux plats et gras lui donnaient une allure sale et grotesque.
Le coeur de la mère s’arrêta de battre dans sa poitrine mais il fallait pour l’amour de Popeline, faire face à cet être repoussant.
– Notre fille ! docteur, notre fille est devenue de cire et de porcelaine, nous vous supplions de nous la rendre à la vie.
L’homme examina la poupée sans vie et sceptique dit-aux parents :
– Revenez dans deux jours, je vais voir ce que je peux faire, mais je ne vous promets rien…
Les parents laissèrent Popeline entre les mains de cet être impressionnant et antipathique.
Deux jours plus tard, pleins d’espoir, les parents de Popeline frappèrent à nouveau à la porte du guérisseur.
Ils entrèrent dans le vieux salon et l’homme fit son apparition, sans dire un mot, il les conduisit dans une petite chambre exiguë et sinistre.
Popeline était là, sur le divan, plus belle que jamais, mais elle ne bougeait pas.
Le guérisseur, l’air triste leur dit :
– Voyez-vous, pauvres gens, votre fille ne DEVAIT PAS MENTIR, elle l’a fait, je ne peux rien faire d’autre que la ranimer une fois l’an.
Les parents meurtris ramenèrent Popeline à la maison, ils la couchèrent dans sa jolie chambre et une fois par an, le jour de Noël, la poupée inanimait revenait à la vie.
Elle mangeait, buvait, chantait et riait, surtout, elle racontait à ses parents émerveillés les rêves qu’elle avait faits pendants les 365 nuits de l’année.
Mais à minuit, la petite fille de chiffon tremblait, frissonnait et dans un grand éternuement redevenait une poupée de cire et porcelaine, jusqu’à l’année suivante, au beau matin de Noël.
Texte de Abigail
L’histoire continue …
Les rêves de Popeline
A travers ses songes la petite fille de chiffon nous fait partager ses aventures.
Ses rêves vous transporteront dans un monde imaginaire où vous découvrirez d’attachants personnages.
Surtout, ne faites pas de bruit, vous risqueriez de l’éveiller…