Le souffle du vent

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C’était il y a bien longtemps, à la nuit des temps, dans un monde encore paisible et serein, un monde où tout n’était qu’amour et enchantement.

Les saisons avaient été crées, le printemps débordant de mille fleurs, l’été lumineux avec son soleil brûlant, l’automne flambloyant de magiques couleurs…

Mais l’hiver traînait sa solitude et sa désolation, les fleurs disparaissaient, le soleil pâlissait et les couleurs magiques s’étaient évanouies à la dernière respiration de l’automne.

L’oeuvre de la nature demeurait inachevée…

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Pourtant l’hiver ne désespérait pas de rencontrer lui aussi son double, son complément, qui lui donnerait toute son envergure et la grandeur dont-il avait tant besoin pour rivaliser de beauté auprès des autres saisons…

Un jour de très grand froid, devant la nature figée, l’hiver se demanda ce qu’il avait bien pu faire pour mériter une telle punition, le spectacle qu’il offrait n’était que chagrin et tourment !

Alors il se mit à pleurer, il pleura si fort, si désespérément, si sincèrement que son ami le vent en fût touché et souffla sur l’hiver une brise de tendresse.

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De cette douceur, au contact des larmes de l’hiver, naquirent de minuscules flocons qui se mirent à rouler délicieusement sur ses joues.

Ces délicates perles de cristal tournoyaient, virevoltaient… caressant sur leur passage la nature d’un voile immaculé, puis se déposaient sur le sol pour former un sompteux parterre de beauté !

C’est alors que l’hiver si seul, si triste, compris qu’il avait enfin trouvé sa raison d’être… la neige serait à ses côtés pour l’éternité !

Le hasard est parfois bien curieux et imprévisible, sans son ami le vent, que serait-il advenu de l’hiver ?

Nul ne le saura jamais !

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C’est ainsi que les saisons passent et changent au gré du temps, mais une chose ne changera jamais, c’est l’union de l’hiver et de la neige.

Sans l’hiver il n’y aurait pas de neige certes, mais sans la neige l’hiver n’existerait pas !

Cette magique alchimie qu’ils nous offrent est la combinaison d’une entente parfaite, née d’un souffle discret… le souffle du vent !

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Texte de Abigail

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Crapouille la grenouille

Près d’un étang habitait une drôle de petite créature, ses longues pattes lui faisaient faire des bonds aussi grands que des pas de géant.

Ce curieux animal aux yeux globuleux s’appelait Crapouille, sa couleur d’un vert sapin se fondait avec les herbes folles qui poussaient de ci-et de-là…

Crapouille vivait heureuse avec ses amis grenouilles, crapauds et veillait bien affectueusement sur les jeunes têtards encore étourdis.

Mais notre petite grenouille avait le goût pour l’aventure et il était bien difficile à sa maman de la surveiller toute la journée.

Un jour, alors que Madame grenouille papotait avec ses amies autour d’une grande tasse de vase, Crapouille s’éloigna un peu plus loin que d’habitude, si loin qu’à l’heure du repas … elle était perdue !

D’abord affolée la petite grenouille se dit qu’elle allait bientôt rentrer chez elle, que sa maman viendrait à sa rencontre… mais plus le temps passait, plus Crapouille désespérait.

La nuit commençait à tomber avec son cortège d’ombres, de bruits angoissants et insolites, la petite grenouille se mit à trembler.

Sa maman ne l’avait pas encore retrouvée et l’idée de passer la nuit toute seule dans cette forêt où tout paraissait hostile lui était insupportable.

Crapouille pleurait sous les branches d’un vieil arbre, quant soudain, des pas se firent entendre…

Une vieille dame tout de noir vêtu regardait la grenouille d’un air satisfait.

Lorsqu’elle se baissa pour l’attraper, Crapouille eut le réflexe de sauter pour se sauver et alla se cacher sous une grosse pierre.

Mais la femme réussit à capturer la jeune grenouille et l’emmena dans sa cabane…

La peur au ventre, Crapouille tremblait de tous ses membres. La maisonnette de la vieille dame se trouvait au fond des bois, le hululement lugubre de la chouette faisait s’entrechoquer les longues pattes de la petite grenouille.

La porte s’ouvrit sur une pièce mal éclairée, les bougies s’amenuisaient, Crapouille n’avait qu’une crainte, se retrouver dans la plus totale obscurité avec cette horrible femme.

Dans la pénombre, Crapouille s’aperçut qu’elle n’était pas seule, d’autres petites créatures étaient prisonnières dans de minuscules cages en fer…

Un vieux crapaud très laid s’approcha timidement de Crapouille et lui avoua qu’ils étaient enfermés chez une bien méchante sorcière.

Une fois par jour, elle prenait un petit captif et plus jamais il ne revenait dans sa prison… on disait qu’elle préparait des potions magiques aux pouvoirs maléfiques.

Le crapaud fit comprendre à Crapouille qu’ils étaient perdus, personne n’osait entrer chez la sorcière, elle était maudite !

Il y avait en captivité, 2 couleuvres, un petit hérisson, un chat roux et quatre souris blanches… tristes compagnons de fortune.

Crapouille qui n’était pourtant pas bien téméraire dit au vilain crapaud :

– Il va falloir que nous nous organisions si nous ne voulons pas mourir dans cette affreuse maison.

Lorsque la sorcière eut le dos tourné pour préparer son grand chaudron noirci par les flammes, Crapouille incita tous les petits prisonniers à se mutiner.

– Mais comment comptes-tu t’y prendre, elle ne nous quitte pas des yeux et puis nous avons très peur d’elle, dit une souris.

Crapouille réfléchit, il devait bien y avoir une solution !

La vieille sorcière tournait une drôle de mixture dans un grand chaudron, ses yeux rouges lui donnaient un air inquiétant, son grand chapeau couvrait des cheveux noirs.

Une robe foncée et rapiècée cachait un corps difforme et puis son nez, un nez horrible !

Tout n’inspirait que terreur …

Un frisson parcouru la petite grenouille à l’idée du sort qui lui était réservé, pourtant une idée traversa l’esprit de Crapouille.

Tout heureuse elle dit à ses petits compagnons :

– Ecoutez, je vais vous dire ce que nous allons faire, si ça marche, bientôt nous serons libres.

Le lendemain matin, après une nuit tourmentée, notre petite grenouille donna le signal…

Allongée sur le dos Crapouille fit mine d’être morte, les autres animaux se mirent à crirer de toutes leurs forces.

La sorcière accourue et contrariée de voir qu’un de ses pensionnaires avait trépassé ouvrit la cage de Crapouille… mais la grenouille bien vivante lui échappa !

Pendant que la vieille femme cherchait Crapouille, le crapaud sortit de sa prison, il délivra d’abord les deux couleuvres, puis les quatre souris, le hérisson et enfin le chat roux.

La sorcière s’étant aperçue de la supercherie courait dans tous les sens pour rattraper les petits fugitifs qui venaient de lui jouer un bien vilain tout.

Mais décidé à ne plus retourner en captivité, les nouveaux amis se défendirent de leur mieux.

Les deux couleuvres s’entortillèrent autour des jambes de la sorcière et la firent tomber à terre, le hérisson piqua et piqua encore, le chat roux lui griffa le visage et les quatre souris couraient le long de son corps, la chatouillant pour la paralyser.

Lorsque la vilaine femme s’évanouit sous les assauts incessants des petits compagnons, il prirent la fuite et chacun partit… vers une liberté retrouvée !

Crapouille avait réussit, elle était très fière !

Sur le chemin qui menait à son étang, elle sautillait allégrement lorsqu’une voix inquiète se fit entendre :

– Crapouille, Crapouille où es-tu ?

Quel bonheur cette voix si familière lui mit du baume au coeur, sa maman venait à sa rencontre…

Lorsque la petite grenouille vit enfin sa mère, heureuse, elle lui sauta au cou.

Quel bonheur de retrouver les siens ! Jamais plus elle ne s’éloignerait…

Crapouille grandit et devint maman à son tour, alors elle raconta à ses jeunes enfants son histoire et aucun d’eux, je peux vous l’assurer, ne chercha à franchir la limite de l’interdit.

Texte de Abigail

Le petit monde de l’Arc-en-Ciel

Le ciel voilé, cerné de gros nuages grisonnants, laissait deviner l’approche d’un orage.

Dans la vallée paisible, le souffle léger du vent, faisait frémir les feuillages des arbres et courber les herbes folles les plus rebelles…

Popeline qui sentit l’arrivée imminente de la pluie, partit en courant s’abriter dans une vieille bergerie, abandonnée au milieu des grands prés.

Déjà l’odeur humide s’évaporant de la terre venait lui chatouiller les narines, la petite fille de chiffon huma les odeurs douces et suaves qui l’envahissaient…

Les gouttes de pluie tombèrent enfin ! Popeline ne risquait rien.

Dans la tiédeur de son abri de fortune, la poupée de chiffon regardait effrayée et admirative, le ciel se déchirer par la violence des éclairs qui zigzagaient et illuminaient la vallée, désormais en pleurs !

Pensive, elle la vit à peine…

Une petite fille, marchait là sous la pluie devenue rageuse, elle n’était pas terrorisée par le vacarme du tonnerre, ni par le ballet intempestif des éclairs !

Popeline voyant le danger, appela de toutes ses forces l’enfant ruisselante de pluie, la petite fille de chiffon faisait de grands gestes, lui disant de venir au plus vite s’abriter et se protéger de l’orage qui devenait de plus en plus menaçant.

L’enfant arriva enfin dans l’asile improvisé, dégoulinante de pluie, le visage ruisselant de larmes, il y avait tellement de désespoir dans le regard de la petite fille que Popeline sentit sa gorge se serrer… Qu’est-ce qui peut rendre si triste et si inconsciente du danger une si jeune enfant ?

Gracieuse et toute menue, la fillette devait avoir à peine cinq ou six ans.

Ses fins cheveux blonds comme les blés, collaient sur son front haut, les larmes avaient pâli ses yeux d’un vert aussi profond que l’éclat d’une émeraude.

Cette enfant était d’une exquise joliesse, pourtant un savant mélange de désarroi et d’espoir semblait l’envahir…. Popeline au coeur tendre, en fût très émue.

Ensemble, en silence, les fillettes attendirent que l’orage s’éloigne et que la menace s’écarte définitivement.

L’accalmie ne se fit point attendre, déjà la pluie avait cessé et le soleil commençait à pointer délicieusement ses premiers rayons doux et tièdes.

Popeline se décida enfin, à demander à la fillette ce qui la rendait si triste…

Elle s’appelait Elwing, pluie d’étoiles en langage Elfique, sa maman adorait les fées, les elfes et lui contait de merveilleuses histoires, d’un pays imaginaire, nommé Féerie.

Elwing avait six ans et venait de perdre son compagnon de jeux, un adorable petit chat noir, bien imprudent qui n’avait pas vu la voiture arriver !

La détresse de la petite fille était sans fin…

Sa mère, lui avait dit que l’Arc-en-Ciel qui se dessine dans le ciel, les jours ou le soleil joue avec la pluie, était un pont entre la Terre des humains et les êtres chers qui nous avaient quittés…

C’était la raison pour laquelle Elwing, errait les jours de pluie, le coeur emplit d’espoir d’apercevoir un Arc-en-Ciel qui lui permettrait de retrouver, même l’espace d’un instant, son petit ami.

Popeline, attendrit par cette jolie croyance, prit Elwing par la main et toutes deux s’éloignèrent de la bergerie…

La fillette aux grands yeux émeraude parlait timidement avec la poupée de chiffon, elle ramassait des grosses marguerites, encore gorgées de gouttelettes en récitant à voix basse :

– Je t’aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie… mon éternel ami !

Soudain, dans l’horizon limpide se dessina un superbe Arc-en-Ciel !

La surprise des fillettes fût grande, lorsqu’elles virent, haut, bien loin dans le ciel, tout un petit monde qui s’animait et s’agitait.

Elwing, les yeux rivés vers l’infini, aperçu le chaton, il était là lui aussi.

Tendrement, la petite fille, le regard embué de larmes lui envoya un doux baiser.

Mais déjà les couleurs lumineuses de cet Arc de Lumière se firent plus pâles, jusqu’à disparaître, laissant place à un ciel sans nuage.

Les fillettes se regardèrent troublées par cet événement inattendu, le coeur envahit d’un baume d’une délicieuse douceur.

Alors, c’était vrai ! Nous ne perdons jamais ceux que l’ont a aimé, ils sont toujours là, près de nous…

Et si c’était dans la beauté d’un Arc-en-Ciel !

Texte de Abigail

Le farfadet farceur

Par une belle journée d’été à l’heure ou le soleil brûle la Provence de tous ses feux, Popeline s’aventurait sur les collines écrasées par la chaleur.

Une halte bien méritée à l’ombre d’un grand pin s’imposa bientôt.

La petite fille de chiffon s’assit épuisée sur un gros cailloux blanc.

Les parfums du thym et du romarin lui chatouillaient agréablement les narines.

Le chant strident des cigales l’étourdissait…

Popeline sortit une petite gourde dans son panier en osier afin de se désaltérer, tant il faisait chaud. Ses joues étaient rosies sous l’effet d’une longue marche au soleil.

Soudain, elle vit, assis sur une branche d’olivier, une drôle de créature qui l’observait d’un air amusé.

Sa peau mate était aussi ridée que celle d’un vieillard. Des oreilles pointues dépassaient de son chapeau rouge et vert.

Les haillons qui lui servaient de vêtements étaient aussi laids que son apparence, seul des cheveux d’un blanc éclatant égayaient ce visage rabougri.

Il émanait de ce petit bonhomme, qui devait mesurer au plus cinquante centimètres, une espièglerie enfantine et un air si malicieux qu’il en était immédiatement attachant.

D’un bond, aussi léger qu’une plume, le lutin se tenait devant Popeline et commençait à fouiller avec excitation le panier de la fillette.

– Il semblerait que tu aies faim, si tu veux nous pourrons partager mon déjeuner ?

Le regard bleu perçant du farfadet en disait long quant à son appétit.

– Cela fait deux jours que je n’ai rien mangé et la faim me tenaille, répondit le petit homme.

Popeline étala sur le sol rocailleux une jolie serviette en guise de nappe et sortit de son panier du pain, des fruits et quelques friandises.

Ensemble, ils mangèrent de bon appétit…

Mon nom est Témério, je suis un farfadet membre éminent du  » Petit Peuple « , je vivais il y a peu de temps encore dans une ferme où j’aidais aux travaux domestiques.

Je m’occupais des animaux, du jardin et réparais les outils cassés. En échange, je me contentais d’un peu de lait et de gâteaux au miel.

J’étais très heureux ainsi jusqu’au jour où mes maître ont voulu me donner de nouveaux vêtements car ils n’aimaient pas les miens.

J’ai refusé, alors les humains m’ont chassé.

– il y a bien quelque part une famille qui sera heureuse de t’acceuillir, répondit Popeline, mettons-nous en route sans perdre de temps.

Ensemble ils partirent à travers champs à la recherche d’un nouveau foyer pour Témério.

Le farfadet, heureux de ne plus être seul gambadait allègrement se roulant parfois dans les champs de lavande aux tendres reflets mauves et gris, dansait avec les papillons multicolores aux ailes si délicates…

Après une longue marche, les deux compagnons arrivèrent près d’une petite maison si délabrée qu’elle en paraissait abandonnée.

Des herbes folles poussaient par-ci et par-là, le lierre envahissait les murs et bloquait les volets bacals.

Dans le pré attenant, deux vaches et trois chèvres bien maigres se reposaient.

La petite fille de chiffon et le lutin frappèrent à la porte vermoulue par les années.

Une faible voix les pria d’entrer…

Là, sur un lit défait, une jeune garçon d’une dizaine d’années était allongé.

Son regard fatigué et las était affaibli par la fièvre et l’on pouvait lire dans ses beaux yeux sombres une infinie tristesse.

Son teint d’une épouvantable pâleur laissait entrevoir que le garçonnet était souffrant.

Touchés et émus les deux compères s’approchèrent du lit, l’enfant enchanté d’avoir de la visite esquissa un timide sourire.

L’après-midi s’écoula sereinement dans un halo d’amitié naissante et de solitude brisée…

Popeline s’ingénia à mettre un peu de gaieté dans la maisonnette tandis que le farfadet faisait mille tours et pitreries.

L’enfant les yeux écarquillés souriat de bonheur face au lutin plus farceur que jamais.

La petite fille de chiffon rangeait des fleurs dans un vase improvisé lorsque la mère rentra de son travail.

Surprise de trouver Popeline et le farfadet chez elle, mais encore plus étonnée de constater l’amélioration de l’état de santé de son fils, la brave femme alla l’embrasser et le serrer dans ses bras.

C’est ainsi que le gentil farfadet trouva un nouveau foyer.

La présence de ce petit personnage hideux allait illuminer la vie de ses nouveaux amis.

L’enfant se rétablit vite et la joie revint dans la maison.

Texte de Abigail

Séléna

Popeline cet après-midi là, se promenait dans l’immense forêt assombrie de grands et majestueux arbres lorsque son attention fut attirée par des sanglots qui semblaient venir de derrière un vieux tronc moussu.

A petits pas, Popeline s’approcha et découvrit une petite fille qui pleurait.

Elle paraissait si triste et si seule que Popeline ne put s’empêcher de l’interpeller :

– Qui es-tu petite fille ? Pourquoi pleures-tu ?

D’abord surprise et effarouchée, l’enfant s’arrêta de sangloter et regarda Popeline de ses beaux yeux amande, rougis par les larmes.

– Je m’appelle Séléna, dit enfin la fillette, je pleure car mes soeurs ne veulent plus de moi, elles prétendent que je ne serai jamais assez forte pour réussir autant de tours qu’elles.

– Je ne comprends pas très bien de quels tours tu veux parler, jolie Séléna ?

Mais Séléna dont le regard vert, frangé de longs cils noirs ne cessait de s’obscurcir, n’osa avouer à Popeline qui elle était.

– Cela ne fait rien, tu me raconteras plus tard, pour l’instant, viens avec moi, la nuit va tomber et il ne fait pas bon rester dans la forêt.

En effet ! le soleil s’était déjà caché, plongeant les bois dans l’obscurité.

Des ombres difformes s’agitaient au-dessus de leurs têtes, des cris lugubres s’élevaient du tréfonds de la forêt.

Une peur glaçante s’empara des fillettes qui détalèrent comme deux biches effrayées.

Dans leur fuite, les petites filles se perdirent au coeur des fourrés opaques et mystérieux.

A bout de souffle, elles s’arrêtèrent pour reprendre des forces lorsqu’un animal se dressa devant elles.

Terrifiées, Popeline et Séléna tombèrent à genoux en suppliant la bête menaçante de les épargner.

Les yeux rouge sang de l’animal les scrutèrent avec envie, une envie évidente de le dévorer…

Soudain, se dressant sur ses pattes arrières, l’animal avança vers elles en poussant des cris rauques et déchirants.

Elle arriva près des petites filles qui serrées l’une contre l’autre, fermèrent les yeux en tremblant de tous leurs membres.

C’est sûr, cette fois elles étaient perdues, rien ne pourrait les sauver…

Le sol tremblait sous les pas de l’animal aux pattes griffues, il avançait toujours, quand tout à coup, la bête titubante, s’effondra à leurs pieds en gémissant lamentablement.

L’animal ne bougeait plus et respirait par saccades.

Popeline et Séléna s’approchèrent, main dans la main, de la bête agonisante.

Maintenant elles n’avaient plus peur et éprouvaient même de la pitié face au monstre démuni de toutes ses forces.

Séléna dit timidement à Popeline :

– Je pourrai peut-être le guérir s’il promet de ne jamais s’attaquer aux humains.

Popeline perplexe se demanda comment une enfant pouvait soigner un si terrifiant animal, pourtant elle lui répondit :

– Si tu le peux, alors fais le, nous ne pouvons le laisser mourir ainsi.

Séléna se pencha sur l’animal inerte et lui murmura quelques mots à l’oreille, la bête fiévreuse tourna vers elle sa grosse face grimaçante et d’un hochement de la tête approuva ses paroles.

De sa poche, la fillette sortit une baguette magique et se mit à former des cercles autour de l’animal.

Des paroles bizarres, telles des incantations, sortient de sa bouche, la baguette effleurant chaque fois l’animal aux flancs meurtris.

Elle prit dans son tablier un onguent qu’elle appliqua sur les plaies béantes du monstre et tel un enchantement, les blessures s’amenuisèrent jusqu’à disparaître totalement.

La bête, qui quelques instants auparavant vivait ses dernières minutes, reprit comme par magie, toutes ses forces.

Popeline les yeux écarquillés devant un tel prodige se tourna vers Séléna et lui dit :

– Comment as-tu fait, qui es-tu, je veux savoir ?

Les beaux yeux de Séléna se baissèrent et dans un soupir avoua à Popeline qu’elle était une jeune sorcière.

La bête totalement remise se dressa fièrement sur ses pattes et passa une langue râpeuse sur la douce joue de Séléna en guise de remerciement.

Tous les trois passèrent le reste de la nuit dans la forêt, les fillettes se réfugiant sous les ailes protectrices de leur nouvel ami.

Désormais il n’y avait plus de crainte à avoir, Althor le dragon noir, veillait sur Popeline et Séléna.

Texte de Abigail

Le dernier loup

Après de longues journées pluvieuses, le soleil était enfin revenu, baignant les bois d’une douce lumière.

La terre se réchauffait lentement séchant ainsi les dernières larmes de pluie.

Popeline prit son petit panier et bien emmitouflée dans sa cape de feutrine, partit ramasser des châtaignes dans la forêt.

La Nature avait revêtu sa robe automnale, des odeurs suaves de terre humide et de mousse s’élevaient du sol.

La petite fille de chiffon ne cessait d’admirer les couleurs rousses et brunes des arbres.

Le ciel d’un bleu pâle n’était troublé par aucun nuage.

Les écureuils couraient joyeusement d’arbre en arbre, les oiseaux chantaient allègrement profitant de l’extraordinaire quiétude du temps.

La petite fille remplissait son panier lorsqu’elle sentit une présence qui la mit mal à l’aise.

On l’observait de derrière les fourrés.

Popeline s’arrêta et scruta, en plissant ses beaux yeux lavande, les fougères roussies en cette saison.

Une forme animale semblait s’y dissimuler…

La fillette avança timidement et vit deux yeux d’une magnifique couleur ambrée qui la dévisageaient.

La bête bondit hors de sa cachette et saisie d’effroi, Popeline s’évanouit.

Quant elle reprit connaissance, la créature qui se tenait devant elle n’était pas hostile et fit même quelques pas en arrière pendant que la petite fille se relevait.

L’animal était superbe et imposant.

Son pelage gris mêlé de noir faisait ressortir des yeux obliques à l’iris jaune d’or.

Les oreilles courtes, dressées sur une tête au fin museau lui donnaient une allure fière et altière.

Son cou et ses épaules larges et puissantes inspiraient le respect.

Cette gueule d’amour qui effrayait tant les humains, attendrit en un instant la fillette.

Sa peur se dissipa et poussée par un mystérieux élan, Popeline s’approcha du loup.

– Tu n’as pas de crainte à avoir, dit l’animal.

Je m’appelle Solthar, il y a bien longtemps déjà lorsque je n’étais qu’un jeune louveteau, les humains ont décimé ma meute.

Voyant le danger, ma mère Mâa me cacha bien à l’abri dans une tannière masquée par les ronces.

Là, pleurant et tremblant d’angoisse, j’ai entendu des coups de feu et les hurlements des miens se sont transformés en gémissements.

Au terme d’une insoutenable attente il n’y eut plus un bruit, plus une plainte…

A la tombée de la nuit, je sortis de ma cachette et découvris avec effroi que les hommes avaient eu raison de ma famille.

Tous avaient été éliminés, victimes des anciennes légendes.

Dès lors, la survie sans ma meute protectrice fut un parcours semé d’embûches et de solitude…

Popeline qui avait écouté avec émotion le récit de Solthar, s’approcha du loup et passa sa petite main sur l’épaisse fourrure de l’animal pour le caresser.

En guise de réponse l’animal frotta délicatement son museau sur la joue de la fillette.

Ensemble ils continuèrent leur chemin à travers bois, se racontant leurs vies remplies d’histoires amusantes et tristes à la fois.

Soudain ! des cris, plutôt des appels aux secours résonnèrent dans le silence du sous-bois.

Poussé par cet instinct merveilleux des animaux, Solthar bondit en direction de la voix.

Sa course l’emmena près d’un vieil homme étendu sur le sol humide et froid.

Le loup s’approcha et commença à lécher son visage en guise de réconfort.

Les yeux voilés du vieillard ne trahissaient aucune appréhension, il agrippa la crinière du loup et s’aidant de la force de l’animal se mit debout.

Popeline accourue le plus vite possible, fut attendrie par la scène qui venait de se dérouler devant elle.

L’homme était un ancien bûcheron, il avait passé sa vie dans la forêt et lorsque ses yeux s’étaient éteints à tout jamais, malgré les heurts qu’il allait rencontrer, il avait décidé de rester vivre là, dans une modeste cabane… oublié de tous.

Solthar, le dernier loup, devint les yeux et le guide du vieil homme, celui-ci en échange lui offrit toute l’affection dont-il avait tant manqué durant ses longues années d’errance.

Tous deux vécurent des jours sereins rompant ainsi leurs solitudes.

Les vieilles légendes peuvent aussi avoir une fin, pourvu que celle-ci soit heureuse et que l’on ait le coeur de les réinventer.

Texte de Abigail

Le monde des fées

Le meilleur moment pour apercevoir les fées est le lever du jour, sous la rosée du matin qui baigne encore les bois.

A cette heure bleutée où les étoiles s’éteignent les unes après les autres, s’éveillent les merveilleuses créatures du  » Petit Monde « .

A l’aube ce jour là, Popeline prit le chemin de la forêt avec dans le coeur l’immense espoir d’approcher ces esprits de la nature.

Ils savaient si bien s’occuper des plantes, des fleurs et des arbres que la petite fille de chiffon en était charmée.

A petits pas, sur la pointe des pieds pour ne faire aucun bruit, Popeline s’enfonça dans le sous-bois touffu.

Sa jolie robe lavande identique à son regard s’accrochait parfois aux ramilles des arbres, les fougères frémissaient sous ses pieds légers…

Le temps s’écoulait ainsi lentement, déjà les premières lueurs du jours éclaboussaient la clairière lorsque Popeline émue s’arrêta, son coeur s’accéléra… elle était là !

Assise au bord d’un ruisseau, sur un tapis de fleurs éclatantes et enivrantes, la fée jouait avec un reflet de soleil sur l’onde claire.

D’une incroyable beauté, cet être enchanteur avait un visage fin qu’illuminaient des yeux couleur ambre et miel.

Ses longs cheveux dorées, tombaient en cascade sur de frêles épaules.

Elle était vêtue d’une longue robe de voiles pastels qui se fondaient parfaitement avec la nature.

Une couronne de fleurs et de perles ornait un front délicat.

Son corps souple était doté de petites ailes d’une indescriptible beauté.

Popeline assise sur un frais parterre de mousse, observait émerveillée la fée lorsque tout à coup celle-ci disparut sans bruit.

La petite fille de chiffon déçue de n’avoir pu l’approcher, se leva, secoua les plis de sa robe.

C’est alors que dans un murmure, un doux froissement d’ailes, la fée se posa devant elle.

Les yeux ambre et miel dévisagèrent le regard lavande de Popeline avec insistance, une main toute menue se tendit vers elle et la fée l’emmena au plus profond des bois.

Curieusement, Popeline n’éprouvait aucune crainte.

Près d’une cascade à l’eau chantante et limpide la fée s’arrêta.

L’innocence de la petite fille de chiffon avait touché cet être de beauté qui lui dit :

– Je t’ai choisie aujourd’hui pour t’expliquer la vie du  » Peuple Noble  » car ton âme et pure. Si tu veux, je serai ton guide ?

En guise d’approbation Popeline hocha timidement le tête et la fée se mit à lui conter son monde.

– Nous les fées, vivons le plus souvent dans les forêts, les sous-bois, les clairières, tous les endroits fleuris nous émerveillent.

La nuit au clair de lune, nous aimons danser avec les étoiles et nous endormir épuisées sur la mousse fraîche.

Nos voix sont si cristallines que le rossignol se joint à nous, ensemble nos chants deviennent célestes.

Dans les pommiers d’où s’échappent des odeurs douces et acidulées, nous établissons nos demeures.

Nous aimons jouer et nous cacher dans le thym odorant.

Notre fleur préférée est le muguet, ses clochettes blanches sont si gracieuses et son parfum si délicat…

La fée contempla un instant Popeline qui écoutait avec délices et reprit,

– Lorsqu’une personne prétend ne pas croire en notre existence, une étoile dans le ciel s’éteint et l’une d’entre nous s’affaiblit jusqu’à disparaître.

Tu perpétueras notre existence à travers le temps, en échange, nous donnerons du bonheur à chaque enfant sur terre…

Soudain ! un bruit de galop se fit entendre.

L’animal immaculé avait une crinière de neige qui bouclait le long de son cou.

Ses yeux d’un bleu aussi profond que l’océan étaient emplis d’une infinie douceur.

Au milieu de son front une corne en ivoire le rendait plus majestueux encore.

Popeline éblouie par la présence du plus pur protecteur de la forêt et par tant d’éclat, sentit une larme couler sur sa joue.

La licorne s’approcha de la fée, posa un instant sa tête sur ses genoux, puis ensemble elles disparurent là où tous les rêves sont permis, au pays des songes et de l’imaginaire, dans un monde où le réel côtoie le merveilleux.

A vous aussi ce royaume est ouvert, à condition toutefois d’avoir un coeur pur et une âme d’enfant.

Texte de Abigail

Popeline la poupée de chiffon

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A l’orée d’une forêt, vivait un couple de braves paysans très tristes.

Un enfant aurait ensoleillé leur vie, une jolie petite fille qu’ils aimeraient de tout leur coeur, mais ils ne pouvaient être parents.

Un beau matin de Noël, au pied du sapin illuminé de guirlandes multicolores et de ravissantes boules dorées, ils découvrirent émerveillés une poupée de chiffon ; une poupée si délicate si gracieuse si douce que la gentille dame ne put s’empêcher de la prendre dans ses bras, elle déposa un baiser sur ses joues molles et serra très fort la poupée contre elle.

Soudain ! une petite voix se fit entendre :

– Tu me serres trop fort maman !

Le couple se regarda abasourdi…

Sans le savoir, mais à cause de l’amour qu’elle portait en elle, la gentille dame avait donné vie à la poupée, et la poupée était devenue… une petite fille.

Popeline la petite fille de chiffon n’allait pas à l’école car ses parents avaient peur qu’on la déchire, elle ne devait pas s’approcher du feu, une étincelle pouvait la brûler…

Popeline grandit comme toutes les petites flles de son âge, elle était gaie, jolie, insouciante ; sa maman lui faisait de belles robes en dentelle et confectionnait des chapeaux tous plus beaux les uns que les autres.

L’amour des parents était sans fin, ils ne demandaient à Popeline qu’une chose : NE JAMAIS MENTIR.

Un jour, alors que Popeline avait bien travaillé avec sa maman, son père lui donna une belle pièce de monnaie pour la récompenser.

La petite fille tout heureuse partit se promener dans les bois, sa pièce dans la poche de son tablier.

Elle s’arrêtait en chemin pour parler aux écureuils ou chanter avec les oiseaux, surtout elle n’oubliait pas de ramasser de jolies fleurs pour sa maman.

L’heure passait et Popeline rentra chez elle…

Sur le pas de la porte, la fillette embrassa son père qui rempaillait une vieille chaise.

– As-tu fait une bonne promenade ma fille ? As-tu bien rangé ta pièce avant de partir ?

– Oui papa, je l’ai fait répondit Popeline.

Mais la petite fille de chiffon à cet instant mentait, elle n’avait pas rangé sa pièce et celle-ci ne se trouvait plus dans la poche de son tablier, elle avait dû la perdre dans les bois.

Popeline se précipita dans sa chambre, elle trembla, frissonna et dans un grand éternuement se figea, son corps devint de porcelaine et son teint de cire…

Les parents inquiets de ne pas entendre leur fille, allèrent la trouver dans sa chambre.

Là horrifiés, ils découvrirent Popeline immobile parmi les autres jouets de la chambre.

La petite fille ne parlait plus, ne pleurait même pas, elle était redevenue une poupée comme tant d’autres…

Fous de douleur le père et la mère partirent voir le médecin du village mais face à une poupée, il se moquerait d’eux.

Alors, au bord du désespoir ils décidèrent d’aller chez le guérisseur.

Sa maison se trouvait dans une ruelle étroite et sombre, mal éclairée par de vieux réverbères.

Les parents désespérés hésitèrent à sonner mais il y avait là leur fille figée dans leur bras.

Le père frappa à la porte, après quelques instants qui semblèrent interminables, une vieille femme voutée, la bouche édentée leur ouvrit la porte.

– Il faut que nous voyions le guérisseur, c’est pour notre fille…

La vieille dame les fit entrer dans une pièce mal éclairée.

Les fauteuils étaient élimés et les tentures des fenêtres poussièreuses, la lumière vacillante de la pièce semblait faire danser des ombres au plafond.

Soudain ! un homme sans âge, avec des vêtements râpés et rapiécés fit son apparition.

Son teint olivâtre faisait ressortir ses yeux globueux, les cheveux plats et gras lui donnaient une allure sale et grotesque.

Le coeur de la mère s’arrêta de battre dans sa poitrine mais il fallait pour l’amour de Popeline, faire face à cet être repoussant.

– Notre fille ! docteur, notre fille est devenue de cire et de porcelaine, nous vous supplions de nous la rendre à la vie.

L’homme examina la poupée sans vie et sceptique dit-aux parents :

– Revenez dans deux jours, je vais voir ce que je peux faire, mais je ne vous promets rien…

Les parents laissèrent Popeline entre les mains de cet être impressionnant et antipathique.

Deux jours plus tard, pleins d’espoir, les parents de Popeline frappèrent à nouveau à la porte du guérisseur.

Ils entrèrent dans le vieux salon et l’homme fit son apparition, sans dire un mot, il les conduisit dans une petite chambre exiguë et sinistre.

Popeline était là, sur le divan, plus belle que jamais, mais elle ne bougeait pas.

Le guérisseur, l’air triste leur dit :

– Voyez-vous, pauvres gens, votre fille ne DEVAIT PAS MENTIR, elle l’a fait, je ne peux rien faire d’autre que la ranimer une fois l’an.

Les parents meurtris ramenèrent Popeline à la maison, ils la couchèrent dans sa jolie chambre et une fois par an, le jour de Noël, la poupée inanimait revenait à la vie.

Elle mangeait, buvait, chantait et riait, surtout, elle racontait à ses parents émerveillés les rêves qu’elle avait faits pendants les 365 nuits de l’année.

Mais à minuit, la petite fille de chiffon tremblait, frissonnait et dans un grand éternuement redevenait une poupée de cire et porcelaine, jusqu’à l’année suivante, au beau matin de Noël.

Texte de Abigail

L’histoire continue …

Les rêves de Popeline

A travers ses songes la petite fille de chiffon nous fait partager ses aventures.

Ses rêves vous transporteront dans un monde imaginaire où vous découvrirez d’attachants personnages.

Surtout, ne faites pas de bruit, vous risqueriez de l’éveiller…