Le souffle du vent

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C’était il y a bien longtemps, à la nuit des temps, dans un monde encore paisible et serein, un monde où tout n’était qu’amour et enchantement.

Les saisons avaient été crées, le printemps débordant de mille fleurs, l’été lumineux avec son soleil brûlant, l’automne flambloyant de magiques couleurs…

Mais l’hiver traînait sa solitude et sa désolation, les fleurs disparaissaient, le soleil pâlissait et les couleurs magiques s’étaient évanouies à la dernière respiration de l’automne.

L’oeuvre de la nature demeurait inachevée…

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Pourtant l’hiver ne désespérait pas de rencontrer lui aussi son double, son complément, qui lui donnerait toute son envergure et la grandeur dont-il avait tant besoin pour rivaliser de beauté auprès des autres saisons…

Un jour de très grand froid, devant la nature figée, l’hiver se demanda ce qu’il avait bien pu faire pour mériter une telle punition, le spectacle qu’il offrait n’était que chagrin et tourment !

Alors il se mit à pleurer, il pleura si fort, si désespérément, si sincèrement que son ami le vent en fût touché et souffla sur l’hiver une brise de tendresse.

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De cette douceur, au contact des larmes de l’hiver, naquirent de minuscules flocons qui se mirent à rouler délicieusement sur ses joues.

Ces délicates perles de cristal tournoyaient, virevoltaient… caressant sur leur passage la nature d’un voile immaculé, puis se déposaient sur le sol pour former un sompteux parterre de beauté !

C’est alors que l’hiver si seul, si triste, compris qu’il avait enfin trouvé sa raison d’être… la neige serait à ses côtés pour l’éternité !

Le hasard est parfois bien curieux et imprévisible, sans son ami le vent, que serait-il advenu de l’hiver ?

Nul ne le saura jamais !

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C’est ainsi que les saisons passent et changent au gré du temps, mais une chose ne changera jamais, c’est l’union de l’hiver et de la neige.

Sans l’hiver il n’y aurait pas de neige certes, mais sans la neige l’hiver n’existerait pas !

Cette magique alchimie qu’ils nous offrent est la combinaison d’une entente parfaite, née d’un souffle discret… le souffle du vent !

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Texte de Abigail

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Crapouille la grenouille

Près d’un étang habitait une drôle de petite créature, ses longues pattes lui faisaient faire des bonds aussi grands que des pas de géant.

Ce curieux animal aux yeux globuleux s’appelait Crapouille, sa couleur d’un vert sapin se fondait avec les herbes folles qui poussaient de ci-et de-là…

Crapouille vivait heureuse avec ses amis grenouilles, crapauds et veillait bien affectueusement sur les jeunes têtards encore étourdis.

Mais notre petite grenouille avait le goût pour l’aventure et il était bien difficile à sa maman de la surveiller toute la journée.

Un jour, alors que Madame grenouille papotait avec ses amies autour d’une grande tasse de vase, Crapouille s’éloigna un peu plus loin que d’habitude, si loin qu’à l’heure du repas … elle était perdue !

D’abord affolée la petite grenouille se dit qu’elle allait bientôt rentrer chez elle, que sa maman viendrait à sa rencontre… mais plus le temps passait, plus Crapouille désespérait.

La nuit commençait à tomber avec son cortège d’ombres, de bruits angoissants et insolites, la petite grenouille se mit à trembler.

Sa maman ne l’avait pas encore retrouvée et l’idée de passer la nuit toute seule dans cette forêt où tout paraissait hostile lui était insupportable.

Crapouille pleurait sous les branches d’un vieil arbre, quant soudain, des pas se firent entendre…

Une vieille dame tout de noir vêtu regardait la grenouille d’un air satisfait.

Lorsqu’elle se baissa pour l’attraper, Crapouille eut le réflexe de sauter pour se sauver et alla se cacher sous une grosse pierre.

Mais la femme réussit à capturer la jeune grenouille et l’emmena dans sa cabane…

La peur au ventre, Crapouille tremblait de tous ses membres. La maisonnette de la vieille dame se trouvait au fond des bois, le hululement lugubre de la chouette faisait s’entrechoquer les longues pattes de la petite grenouille.

La porte s’ouvrit sur une pièce mal éclairée, les bougies s’amenuisaient, Crapouille n’avait qu’une crainte, se retrouver dans la plus totale obscurité avec cette horrible femme.

Dans la pénombre, Crapouille s’aperçut qu’elle n’était pas seule, d’autres petites créatures étaient prisonnières dans de minuscules cages en fer…

Un vieux crapaud très laid s’approcha timidement de Crapouille et lui avoua qu’ils étaient enfermés chez une bien méchante sorcière.

Une fois par jour, elle prenait un petit captif et plus jamais il ne revenait dans sa prison… on disait qu’elle préparait des potions magiques aux pouvoirs maléfiques.

Le crapaud fit comprendre à Crapouille qu’ils étaient perdus, personne n’osait entrer chez la sorcière, elle était maudite !

Il y avait en captivité, 2 couleuvres, un petit hérisson, un chat roux et quatre souris blanches… tristes compagnons de fortune.

Crapouille qui n’était pourtant pas bien téméraire dit au vilain crapaud :

– Il va falloir que nous nous organisions si nous ne voulons pas mourir dans cette affreuse maison.

Lorsque la sorcière eut le dos tourné pour préparer son grand chaudron noirci par les flammes, Crapouille incita tous les petits prisonniers à se mutiner.

– Mais comment comptes-tu t’y prendre, elle ne nous quitte pas des yeux et puis nous avons très peur d’elle, dit une souris.

Crapouille réfléchit, il devait bien y avoir une solution !

La vieille sorcière tournait une drôle de mixture dans un grand chaudron, ses yeux rouges lui donnaient un air inquiétant, son grand chapeau couvrait des cheveux noirs.

Une robe foncée et rapiècée cachait un corps difforme et puis son nez, un nez horrible !

Tout n’inspirait que terreur …

Un frisson parcouru la petite grenouille à l’idée du sort qui lui était réservé, pourtant une idée traversa l’esprit de Crapouille.

Tout heureuse elle dit à ses petits compagnons :

– Ecoutez, je vais vous dire ce que nous allons faire, si ça marche, bientôt nous serons libres.

Le lendemain matin, après une nuit tourmentée, notre petite grenouille donna le signal…

Allongée sur le dos Crapouille fit mine d’être morte, les autres animaux se mirent à crirer de toutes leurs forces.

La sorcière accourue et contrariée de voir qu’un de ses pensionnaires avait trépassé ouvrit la cage de Crapouille… mais la grenouille bien vivante lui échappa !

Pendant que la vieille femme cherchait Crapouille, le crapaud sortit de sa prison, il délivra d’abord les deux couleuvres, puis les quatre souris, le hérisson et enfin le chat roux.

La sorcière s’étant aperçue de la supercherie courait dans tous les sens pour rattraper les petits fugitifs qui venaient de lui jouer un bien vilain tout.

Mais décidé à ne plus retourner en captivité, les nouveaux amis se défendirent de leur mieux.

Les deux couleuvres s’entortillèrent autour des jambes de la sorcière et la firent tomber à terre, le hérisson piqua et piqua encore, le chat roux lui griffa le visage et les quatre souris couraient le long de son corps, la chatouillant pour la paralyser.

Lorsque la vilaine femme s’évanouit sous les assauts incessants des petits compagnons, il prirent la fuite et chacun partit… vers une liberté retrouvée !

Crapouille avait réussit, elle était très fière !

Sur le chemin qui menait à son étang, elle sautillait allégrement lorsqu’une voix inquiète se fit entendre :

– Crapouille, Crapouille où es-tu ?

Quel bonheur cette voix si familière lui mit du baume au coeur, sa maman venait à sa rencontre…

Lorsque la petite grenouille vit enfin sa mère, heureuse, elle lui sauta au cou.

Quel bonheur de retrouver les siens ! Jamais plus elle ne s’éloignerait…

Crapouille grandit et devint maman à son tour, alors elle raconta à ses jeunes enfants son histoire et aucun d’eux, je peux vous l’assurer, ne chercha à franchir la limite de l’interdit.

Texte de Abigail