Le ciel voilé, cerné de gros nuages grisonnants, laissait deviner l’approche d’un orage.
Dans la vallée paisible, le souffle léger du vent, faisait frémir les feuillages des arbres et courber les herbes folles les plus rebelles…
Popeline qui sentit l’arrivée imminente de la pluie, partit en courant s’abriter dans une vieille bergerie, abandonnée au milieu des grands prés.
Déjà l’odeur humide s’évaporant de la terre venait lui chatouiller les narines, la petite fille de chiffon huma les odeurs douces et suaves qui l’envahissaient…
Les gouttes de pluie tombèrent enfin ! Popeline ne risquait rien.
Dans la tiédeur de son abri de fortune, la poupée de chiffon regardait effrayée et admirative, le ciel se déchirer par la violence des éclairs qui zigzagaient et illuminaient la vallée, désormais en pleurs !
Pensive, elle la vit à peine…
Une petite fille, marchait là sous la pluie devenue rageuse, elle n’était pas terrorisée par le vacarme du tonnerre, ni par le ballet intempestif des éclairs !
Popeline voyant le danger, appela de toutes ses forces l’enfant ruisselante de pluie, la petite fille de chiffon faisait de grands gestes, lui disant de venir au plus vite s’abriter et se protéger de l’orage qui devenait de plus en plus menaçant.
L’enfant arriva enfin dans l’asile improvisé, dégoulinante de pluie, le visage ruisselant de larmes, il y avait tellement de désespoir dans le regard de la petite fille que Popeline sentit sa gorge se serrer… Qu’est-ce qui peut rendre si triste et si inconsciente du danger une si jeune enfant ?
Gracieuse et toute menue, la fillette devait avoir à peine cinq ou six ans.
Ses fins cheveux blonds comme les blés, collaient sur son front haut, les larmes avaient pâli ses yeux d’un vert aussi profond que l’éclat d’une émeraude.
Cette enfant était d’une exquise joliesse, pourtant un savant mélange de désarroi et d’espoir semblait l’envahir…. Popeline au coeur tendre, en fût très émue.
Ensemble, en silence, les fillettes attendirent que l’orage s’éloigne et que la menace s’écarte définitivement.
L’accalmie ne se fit point attendre, déjà la pluie avait cessé et le soleil commençait à pointer délicieusement ses premiers rayons doux et tièdes.
Popeline se décida enfin, à demander à la fillette ce qui la rendait si triste…
Elle s’appelait Elwing, pluie d’étoiles en langage Elfique, sa maman adorait les fées, les elfes et lui contait de merveilleuses histoires, d’un pays imaginaire, nommé Féerie.
Elwing avait six ans et venait de perdre son compagnon de jeux, un adorable petit chat noir, bien imprudent qui n’avait pas vu la voiture arriver !
La détresse de la petite fille était sans fin…
Sa mère, lui avait dit que l’Arc-en-Ciel qui se dessine dans le ciel, les jours ou le soleil joue avec la pluie, était un pont entre la Terre des humains et les êtres chers qui nous avaient quittés…
C’était la raison pour laquelle Elwing, errait les jours de pluie, le coeur emplit d’espoir d’apercevoir un Arc-en-Ciel qui lui permettrait de retrouver, même l’espace d’un instant, son petit ami.
Popeline, attendrit par cette jolie croyance, prit Elwing par la main et toutes deux s’éloignèrent de la bergerie…
La fillette aux grands yeux émeraude parlait timidement avec la poupée de chiffon, elle ramassait des grosses marguerites, encore gorgées de gouttelettes en récitant à voix basse :
– Je t’aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie… mon éternel ami !
Soudain, dans l’horizon limpide se dessina un superbe Arc-en-Ciel !
La surprise des fillettes fût grande, lorsqu’elles virent, haut, bien loin dans le ciel, tout un petit monde qui s’animait et s’agitait.
Elwing, les yeux rivés vers l’infini, aperçu le chaton, il était là lui aussi.
Tendrement, la petite fille, le regard embué de larmes lui envoya un doux baiser.
Mais déjà les couleurs lumineuses de cet Arc de Lumière se firent plus pâles, jusqu’à disparaître, laissant place à un ciel sans nuage.
Les fillettes se regardèrent troublées par cet événement inattendu, le coeur envahit d’un baume d’une délicieuse douceur.
Alors, c’était vrai ! Nous ne perdons jamais ceux que l’ont a aimé, ils sont toujours là, près de nous…
Et si c’était dans la beauté d’un Arc-en-Ciel !
Texte de Abigail