C’était il y a bien longtemps, mais peut-être hier.
C’était bien loin d’ici, mais peut-être tout près de toi.
A l’orée d’une belle forêt se dressait un majesteux château. Ses tours s’élançaient par-dessus les champs qui colorient la campagne.
Les hommes, les fées, les animaux vivaient en harmonie dans ce pays, royaume de la Fée du Matin, connue pour sa bonté et sa sagesse lumineuses.
Sa petite fille Linotte, très étourdie, oubliait, perdait, jusqu’à ses paroles ou ses idées. Aussi, sa maman l’avait-elle nommé fée des écureuils, qui égarent leurs réserves de noisettes. La magie, et même les sorties étaient interdites à Linotte, qui vivait dans les nuages.
Un jour de mai, la Fée du Matin décide, pour ses sept ans, d’offrir à la petite fée une promenade pour rendre visite aux écureuils ses amis.
Heureuse, Linotte sort le balai offert par sa marraine, la Fée de la Lumière. Par la fenêtre de sa chambre, dans la tour de l’Est, elle sent les parfums de la nature qui l’appelent : la lavande, l’herbe sêche de l’été.
Bientôt envolée, elle voit les couleurs en bas dessiner la palette d’un peintre. Les deux fées se dirigent vers une clairière tapissée d’un joli parterre de fleurs bleues pour s’y poser. Autour des myosotis, volette un joli papillon qui fascine Linotte. C’est la fée des papillons, qui l’entraîne de jonquilles en violettes ; les deux amies séloignent peu à peu de la clairière où se tient la Fée du Matin.
Le soleil baisse sur l’horizon, les ombres du soir grandissent. Sans que les espiègles le remarquent, il fait bientôt sombre. la fée papillons, habituée au soleil, s’inquiète.
Courageusement, Linotte guide son amie à la recherche d’un sentier. Des hérissons écrasent les feuilles, les pigeons bousculent les branches dans un vacarme inquiétant. Au pied d’un arbre, un petit écureul est perdu.
– Ne pleure pas, je suis ta fée, et je vais prendre soin de toi. Malgré sa peur, Linotte veut secourir son protégé qui se rassure à ces mots.
Soudain, une voix grave surprend la petite équipe qui se terre. Un géant barbu surgit, accompagné d’une petite fille qui sautille.
– Oh, Oh ! C’est bon de rentrer à la maison ! Mais que vois-je ici ? Qu’elle est cette drôle de troupe ?
– S’il vous plait, monsieur l’ogre, commence Linotte, ne nous mangez pas !
– Je pense plutôt à manger une bonne potée à la chaumière, nigauds ! Mais que fabriquez-vous ici ?
Rassurée par la petite fille venue acceuillir son papa bûcheron, Linotte raconte son après-midi, les jeux, et comment elle a perdu son chemin.
–Vous me raconterez tout devant un bon pot-au-feu ! La chaumière est devant nous.
Les petites filles et l’écureuil ne se font pas prier et gagnent l’intérieur de la maisonnette. La maîtresse de maison a déjà servi le dîner pour les deux petites filles qui font connaissance avec les invités-surprise.
– Ne t’inquiète pas, Linotte, ta maman sera prévenue de ta présence.
Linotte est rassurée ; son ami écureuil se régale d’un festin de noisettes !
Nos petits amis s’endorment bientôt et rêvent de fleurs, de châteaux et de noisettes.
Bientôt, le soleil illumine une nouvelle journée, et de fins rayons dansent dans la chaumière. Après quelques tartines, il est temps de se séparer. Linotte a l’impression qu’elle a toujours connu cette famille qui l’a acceuillie.
Arrivés à la clairière, nos trois amis se quittent à leur tour : l’une retrouve ses papillons, l’autre sa famille d’écureuils et Linotte le chemin du château, qu’elle atteint sans se tromper.
Linotte explique ses aventures à la Fée du Matin sans chercher d’excuses comme autrefois mais se soucis plutôt de remercier la famille de la forêt. Et puis, elle doit prendre des nouvelles de la Fée des papillons, et aussi du petit écureuil. Elle doit s’occuper de beaucoup de choses et de beaucoup de gens, dit-elle à sa maman !
C’est étonnant, la Fée du Matin ne semble pas fâchée. c’est curieux, elle a le même sourire que la femme du bûcheron.
– Ma chère Linotte, je suis fière de toi : hier, tu as su guider ta camarade dans la forêt obscure, et protéger un écureuil comme tu le devais.
Ton courage et ta bonté pour ces deux êtres t’ont permis d’oublier ta propre tristesse. Sache que c’est ta marraine, la Fée de la Lumière qui t’a recueillie hier. Le réconfort que tu as apporté à tes amis à attiré dans ton coeur ses rayons, qui t’ont guidé.
La petite fille fée a ainsi appris d’elle-même que le courage de son coeur pouvait venir à bout de son étourderie.
Aujourd’hui, Linotte n’oublie plus jamais rien et les jeunes fées aiment prendre conseil auprès d’elle.
Si tu rencontres un jour une petite » tête de linotte « , peut-être est-ce une fée en devenir !
Légendes d’autrefois
Extrait des Contes.biz